lundi 24 juin 2013

L'effet papillon



En bon petit diable (et à la fleur de l'âge  ), je m'adonne sans remord - et armée d'un gros calibre - à la chasse. La chasse aux papillons. Mais n'ayez crainte, je ne suis pas de ceux qui épinglent les lépidoptères sur du velours noir... Je me contente de les coucher, bien au chaud, sur la pellicule.

Le papillon est un insecte fascinant. 220 000 espèces se répartissent dans le monde (excepté en Antarctique), et plus particulièrement sous les tropiques. En Europe, on recense environ 480 espèces de papillons diurnes, mais chaque année apporte de nouvelles découvertes.

En fonction des espèces, un papillon peut vivre quelques jours, quelques semaines ou plusieurs mois.

Avant de déployer ses ailes, il est d'abord chenille. Les larves sont aussi variées et colorées que le seront les papillons. C'est un vrai défi de les chercher dans les feuillages, et parfois surprenant de découvrir leur jolie physionomie.

Les chenilles se nourrissent de la plante sur laquelle l’œuf a été pondu. 
Ce sont de grosses mangeuses : un individu peut dévorer un chou en une journée. Au cours de leur croissance, leur poids peut être multiplié par 1000 !

La croissance de la chenille peut durer de deux semaines à plusieurs mois si elle hiberne. Elle peut muer quatre ou cinq fois et même changer de couleur ou de forme avant de se transformer en chrysalide puis en papillon.



Adultes, les papillons ont six pattes et deux paires d'ailes recouvertes d'écailles aux couleurs variées et changeantes. En vol, ils se guident à la vue et à l'odorat. Leurs antennes peuvent également capter les odeurs.

La capacité du papillon à voler dépend de sa température corporelle, c'est pourquoi on peut souvent l'observer au soleil, les ailes ouvertes : il emmagasine la chaleur. Le papillon de nuit, lui qui ne voit pas le jour, se réchauffe en battant très vite des ailes.



Il se nourrit avec sa longue trompe qui lui permet d'aspirer le nectar. Quand il ne l'utilise pas, il l'enroule sous sa tête pour la protéger. Des organes gustatifs très sensibles situés au bout des pattes lui permettent de savoir s'il est nécessaire de la déplier.


Butinant de fleur en fleur, si léger et volubile, le papillon transporte du rêve. Un jour de beau temps (si si, ça va venir !), asseyez-vous près de fleurs colorées et observez sa danse. 

Je finirai avec ces quelques vers de Gérard de Nerval...

De toutes les belles choses
Qui nous manquent en hiver,
Qu'aimez-vous mieux ? - Moi, les roses ;
- Moi, l'aspect d'un beau pré vert ;
- Moi, la moisson blondissante, 
Chevelure des sillons ; 
- Moi, le rossignol qui chante ; 
- Et moi, les beaux papillons ! ...

Je vous conseille par ailleurs parmi les Guides du Naturaliste l'excellent "Guide photo des papillons d'Europe", une fois encore chez Delachaux et Niestlé.






lundi 17 juin 2013

Ne prenez pas la mouche !


Depuis l’antiquité, de nombreux animaux ont suscité l’admiration des hommes, déclenchant chez eux une forme de respect, voire de fascination. Ce n’est pas le cas de la mouche.

Passons rapidement sur le fait qu’elle est effectivement vecteur de germes et de toutes sortes de microbes. Nous sommes tous d’accord sur le fait qu’il vaut mieux ne pas la laisser déambuler sur son morceau de fromage… Elle traîne derrière elle une « sale » réputation, qui n'est pas usurpée… Mais une mouche, qu’est-ce que c’est au juste ?

Mouche à damier

De la famille des Diptères, la mouche possède deux ailes membraneuses très visibles et deux petits balanciers (aussi appelés haltères) qui lui servent à conserver son équilibre pendant le vol. Ses antennes sont courtes (contrairement à celles des abeilles) et de larges yeux à facettes recouvrent en partie sa tête. 

Avec sa trompe longue et pointue, elle aspire les liquides. Son odorat très développé lui permet de détecter une odeur à plusieurs kilomètres.

Il semble qu'elle possède également un système d'ouie qui lui permet de percevoir des sons sur une distance elle aussi importante.

Laissons là la mouche « domestique » et intéressons-nous de plus près aux pollinisatrices. Sans remplacer les abeilles, les diptères font en effet également partie des espèces qui permettent à la nature de se renouveler: Syrphidés aux couleurs chatoyantes, Bombylidés à trompe allongée, Bibionidés (Bibio marci) noirs et bruns qui éclosent en masse aux premiers beaux jours, sans oublier les mâles des moustiques et des taons qui ne se nourrissent pas de sang comme les femelles, mais sont floricoles.


Laissez-moi vous présenter rapidement, parmi les espèces les plus communes :

Mes petits préférés...

Le syrphe : Facilement reconnaissable en vol car il fait très souvent du « sur place », le syrphe ressemble à une petite guêpe et les adultes sont tous floricoles.

Chaque espèce possède une trompe (ou proboscis) adaptée à son régime alimentaire (nectar, pollen ou les deux).  Le syrphe est inoffensif. Son seul moyen de défense est son extraordinaire rapidité, qui lui permet de s'éclipser en moins d'une seconde.


Il est commun dans les jardins.






Le bombyle : Sorte de petite peluche volante, le bombyle possède longue trompe non rétractile adaptée à la recherche de nectar dans les fleurs tubulaires. Il effectue des vols stationnaires à la manière des colibris en émettant un léger vrombissement.


La longueur de sa trompe peut impressionner, il est absolument sans danger pour l'homme !


Des spécimens étranges :

Le Sicus ferrugineux : Il se caractérise par sa grosse tête et son abdomen recourbé par-dessous. Le corps est de couleur rouille, la face est jaune clair.


 L'Eristale sépulcrale, très impressionnante avec ses yeux immenses...



L'Empis marqueté, svelte et délicat...


La mouche de la cerise (Rhagoletis cerasi)...



Et beaucoup d'autres encore, qui feront sans doute l'objet d'articles ultérieurs. 

Les diptères sont si nombreux, je m'excuse par avance auprès des spécialistes pour les erreurs d'identification que j'ai peut-être commises... 

Si le sujet vous intéresse, je vous invite à consulter :

- Le site du Spipoll (suivi photographique des insectes pollinisateurs)

- Pour les passionnés, l'acquisition du Guide des Mouches et des Moustiques, de J.et H. Haupt (chez Delachaux et Niestlé) sera indispensable !

lundi 10 juin 2013

Après la pluie, le bonheur

"Fées, répandez partout la rosée sacrée des champs".
William Shakespeare, Le songe d'une nuit d'été.

Voulez-vous que je vous décrive une sensation vraiment exquise ?

Imaginez, par un beau matin d'été, vos pieds nus foulant l'herbe encore humide de rosée. Le soleil darde de ses rayons des millions de gouttelettes cristallines, transformant le paysage en un admirable champ d'étoiles, parant Dame Nature de diamants éphémères et fragiles.


Ces petites larmes déposées par la nuit, minutieusement, sur chaque brin d'herbe, sur le moindre fil d'araignée jusqu'alors invisible, sont un vrai miracle pour le photographe et ont tôt fait de le plonger dans un autre monde, où l'imaginaire et la poésie prennent le pas sur la réalité.

Chaque goutte recèle des trésors pour l'oeil averti. A l'envers, à l'endroit, elles deviennent des loupes faisant apparaître des détails inconnus et basculer notre monde familier dans une dimension étrange.


Comment ne pas être admiratif devant ces perles d'une parfaite rondeur, réserves aquatiques miniatures renfermant tout un univers, dont s'abreuvent les insectes en donnant l'impression de s'adonner parfois à un dangereux exercice d'équilibriste ?

Pour voir des exemples d'images magnifiques, vous pouvez consulter la galerie de Gilles Rémus, passé maître en la matière.



Alors, on les prend ces photos ?

Photographier cet univers unique n'est pas chose facile. Beaucoup de facteurs entrent en ligne de compte, comme souvent dans la capture du minuscule. Le vent, la lumière, la fragilité de ces éléments sont autant de défis qu'il vous faudra relever...

L'usage d'un pied s'avère indispensable, pour une stabilité à toute épreuve. L'utilisation d'un (ou de plusieurs) filtre neutre permettra de prolonger le temps de pause en diminuant l'ouverture de l'objectif et ainsi d'obtenir une qualité de détail et un piqué appréciables. 

Bien entendu, il faut soigner le cadrage pour obtenir une composition soignée et harmonieuse.



Personnellement, quand je travaille sur ce type d'image et comme mon objectif macro a une profondeur de champ limitée, j'utilise la technique du "focus stacking" (ou hyperfocus) : il s'agit de prendre plusieurs photos, avec le même cadrage mais une mise au point effectuée à différents endroits, pour augmenter la zone de netteté. Les images sont ensuite "mélangées" à l'aide d'un logiciel de retouche pour faire ressortir les parties nettes.



ll est vrai que la pluie a bien des défauts, mais quand elle s'arrête, que la vie est belle ! Et si par bonheur il fait beau, il n'est pas interdit d'utiliser de temps en temps un vaporisateur pour s'amuser un peu, à condition de ne pas déranger nos petits amis... 

N'hésitez pas à me laisser vos commentaires sur ce post et à m'interroger si vous avez des questions.

lundi 3 juin 2013

La vie secrète de Napoléon

Parcourant depuis plusieurs années les herbes folles de mon sud-ouest natal en quête de nouvelles images, je suis de plus en plus fascinée par les araignées. Je suis même passée, à la surprise voire à l'incompréhension totale de mon entourage, d'un état quasi phobique à une franche sympathie pour ces petites bestioles.

J'aimerais vous faire découvrir aujourd'hui la (toute) petite araignée Napoléon (ou Thomise globuleux - Synema globosum), qui tient son nom du 'tatouage' noir qui orne son abdomen et représente la silhouette de l'empereur bien connu coiffé de son bicorne.



De la famille des araignées Crabes (Thomisidae), cette arachnide - une fois n'est pas coutume - ne tisse pas de toile. De petite taille, la femelle est en général presque deux fois plus imposante que le mâle (6 à 9 mm pour elle, 3 à 4 mm pour lui).

Ses pattes antérieures sont  plus longues que les postérieures, ce qui lui vaut son surnom de crustacé. Elle peut ainsi se déplacer rapidement et en tous sens, que ce soit pour fondre sur ses proies ou pour éviter ses prédateurs.

Chassant à l'affût, elle peut patienter des heures, voire même plusieurs jours sans nourriture. Quand elle tient une proie entre ses pattes, elle la mord derrière la tête et lui injecte son venin, puis des sucs digestifs qui lui permettront d'aspirer l'intérieur de l'insecte.



Une technique de chasse bien rodée... et un nouveau comportement ?

Si elle aime en général se tenir sur les ombellifères (comme les fleurs de carotte sauvage), on l'observe aussi souvent sur les marguerites, où elle développe un comportement que je n'ai vu décrit dans aucun autre article.

Les insectes évitant d'instinct les fleurs présentant une tâche, elle ruse et colle plusieurs pétales entre eux afin de s'en servir de cachette, ce qui lui permet à la fois de se préserver de potentiels prédateurs et d'attendre en toute discrétion l'arrivée de sa proie.

Si vous êtes un peu curieux, regardez-donc les marguerites sur votre chemin. Si vous découvrez quelques pétales agglutinés, jetez un oeil à l'intérieur et ne soyez pas surpris : Napoléon guette !


Comment la photographier ?

La petite araignée Napoléon est assez craintive et au moindre mouvement elle ira se cacher. Il vous faudra donc prendre votre mal en patience et attendre qu'elle sorte de sa cachette, ce qui devrait vous laisser le temps de vous installer.

Tout appareil même le plus compact peut être utilisé pour débuter la macro, mais un reflex couplé à un objectif spécialisé permettra d'obtenir de meilleurs résultats. J'utilise pour ma part le Canon Eos 7D associé à l'objectif Macro Sigma 105mm f2.8, qui offre un excellent piqué et de beaux arrière-plans.

Le sujet étant très petit, l'utilisation d'un pied et d'un flash spécifique sont fortement conseillés pour éviter les flous 'de bougé' et obtenir la plus grande netteté. Je préfère pour ma part travailler à main levée et utiliser la lumière naturelle, pour une plus grande liberté de mouvement. A vous de voir quelle méthode vous conviendra le mieux.

Il est indispensable de veiller à ne pas photographier les sujets en plein soleil, la lumière dure n'embellissant pas l'image, au contraire. Si la séance a lieu dans la journée, mieux vaut rester à l'ombre. L'idéal ? Privilégier le début de matinée ou la fin d'après-midi, qui vous offriront une lumière dorée à souhait et pleine de douceur.



Bien entendu j'attends vos remarques, commentaires, critiques constructives ou demandes de précisions dans l'espace dédié ci-dessous. N'hésitez pas !